“Dormivit in sacco croci" ; il dormait dans un sac de safran. Les Romains raffinés utilisaient cette expression latine en vue de décrire une vie aisée, une vie pleine de plaisirs ; bref une vie de César. Mais originellement, c’était une expression réservée à Zeus, le Dieu des Grecs. En fait, les citoyens des Polis grecs, depuis le IVe siècle avant notre ère, connaissaient déjà les vertus magiques du safran grâce aux écrits d’Hippocrate. Il est possible que ce dernier ait, à son tour, hérité sa connaissance de cette plante des Crétois qui maîtrisaient, avant les autres peuples méditerranéens, les secrets des bulbes de Crocus. Mais l’Occident n’était pas le seul à admirer l’épice Zar Paran de Perse. Le colorant extrait du safran est, à l’origine, sacré. Ainsi teint-il les habits jaune-orangé des moines bouddhistes en Chine et en Inde. Partout dans le monde, le safran de Perse s’impose comme un produit de luxe, l’élixir céleste de la jouissance, l’extrait miraculeux du soleil, le remède pharaonique des peines humaines et l’épice la plus chère à l’Est aussi bien qu’à l’Ouest.